L'opposition guinéenne a plaidé la semaine dernière pour une reprise du dialogue politique en vue de transcender les divergences qui entourent les préparatifs des élections législatives. Il s'agit, selon l'ADP et le Collectif, deux blocs alliés de l'opposition radicale, de trouver des solutions "consensuelles de nature à épargner au peuple de Guinée, de nouvelles épreuves difficiles et inutiles".
Cette réaction intervient après la recomposition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et fait allusion au manque de consensus qui entoure le choix portant sur l'opérateur Waymark, chargé de gérer le fichier électoral. La question divise en réalité la classe politique guinéenne.
Car, le président Alpha Condé trouve que le débat autour de Waymark n'a pas lieu d'être, et que seul le chronogramme électoral prime dorénavant, pour aller aux élections, c'est la déclaration qu'il a faite sur les antennes d'une radio étrangère la semaine dernière.
L'ADP et le Collectif pensent le contraire. Ainsi, Dr Faya Millimono, leader du Parti libéral et membre de ces deux blocs politiques, a indiqué dans la presse, au lendemain de cette sortie présidentielle que Waymark posait problème. D'autant que selon lui "l'opérateur sud-africain" a été recruté sans concertation avec les partis politiques.
Dr Makanéra Kaké, un des porte-paroles de la mouvance présidentielle a riposté ce lundi, sur les antennes d'une radio locale, en affirmant que Waymark avait pris bonne "des recommandations" faites par les experts de l'OIF (Organisation internationale de la Francophonie) lors de la réunion qui s'était déroulée à Conakry, dont le président fait allusion dans son interview. Cette réunion avait pour but de permettre à Waymark de démontrer la fiabilité de son matériel.
Pour Dr Makanéra Kaké, le chef de l'Etat guinéen a fait des concessions dont il faut tenir compte, preuve de sa "bonne foi", pour la réussite du processus électoral.
Jean-Marie Doré, ancien Premier ministre et secrétaire général de l'Union pour le progrès de la Guinée (UPG) s'est invité dans ce débat au cours d'une conférence de presse qu'il a animée le samedi dernier à Conakry.
Jean-Marie Doré qui incarne la position des centristes dont il se réclame, a indiqué que "le choix de l'opérateur de saisie n'est pas de la compétence de la nouvelle CENI". Et qu'il n'était pas légal de soumettre au vote des commissaires le choix de l'opérateur devant gérer le fichier électoral.
Car, dit-t-il "la CENI est un organe technique ce n'est pas un parlement". "C'est une affaire des acteurs politiques et du gouvernement ?, a rétorqué l'ancien Premier ministre.
Ces différentes positions affichées autour du choix de l'opérateur Waymark aussi divergentes qu'elles puissent para?tre, finiront par mener à un consensus. C'est du moins le souhait d'un diplomate qui s'est confié à un reporter de Xinhua sous le couvert de l'anonymat.
Si l'ADP et le Collectif pensent que "la sortie de crise et la décrispation du climat politique dépendent exclusivement de la volonté politique des autorités actuelles qui disposent de tous les éléments permettant la mise en place d'un cadre favorable à des élections crédibles et apaisées".
Du c?té de la mouvance, on pense avoir fait trop de concessions.
L'un dans l'autre, il va sans dire que seule la mise en place d'un cadre de concertation va permettre aux Guinéens de vivre une nouvelle expérience électorale réussie. Cet avis est partagé par tous les "démocrates" de bonne foi.