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Le FCSA illustre la vision et les aspirations de la Chine pour le Sud global
Les dirigeants de plus de 50 pays africains se rendent à Beijing pour le prochain sommet 2024 du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA), le plus grand rassemblement diplomatique accueilli par la Chine depuis des années, alors que le "Sud global", un terme générique désignant un éventail diversifié de pays en développement situés principalement au sud de la ligne Brandt, a fait son retour.
Avant l'ouverture du sommet du FCSA, un récit fabriqué par l'Occident sur la "victoire" de la Chine sur le Sud global a commencé à gagner du terrain, alléguant que la Chine s'était lancée dans une "offensive de charme" pour attirer le bloc dans son orbite. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Lin Jian a répondu avec fermeté à cette allégation : "En tant que membre naturel du Sud global, la Chine ne cherche jamais à 'gagner le Sud global', mais s'engage à aider ses partenaires du Sud global, y compris les pays africains, à véritablement parvenir au développement et à la prospérité."
Le FCSA est un microcosme de l'amitié à l'épreuve du temps entre la Chine et ses partenaires du Sud global. A la suite de la Guerre froide, au début des années 1990, les puissances occidentales ont commencé à retirer leur aide et leurs investissements d'Afrique, et le continent a commencé à en ressentir les effets : son économie s'est contractée, et la dette accumulée représentait plus de 80% de son PIB total en 1994. Cette situation désastreuse a incité le magazine The Economist à publier un article tristement célèbre intitulé " Hopeless Africa" (Afrique sans espoir) en 2000. Mais c'est précisément cette année-là que la Chine et l'Afrique ont initié conjointement le premier FCSA sous la forme d'une conférence ministérielle.
"A ce moment-là, la Chine n'a pas oublié son identité de pays en développement", explique Liu Hongwu, professeur et directeur de l'Institut d'études africaines de l'Université normale du Zhejiang. "Au début des années 2000, la Chine a pris part à la mondialisation menée par l'Occident en adhérant à l'OMC, mais elle a également tissé des liens encore plus étroits avec les nations du Sud en Asie, en Afrique et en Amérique latine."
La politique africaine de la Chine a été guidée par le principe de sincérité, pragmatisme, amitié et franchise, proposé par le président chinois Xi Jinping lors de sa première visite à l'étranger en tant que plus haut dirigeant de la Chine en 2013, qui comprenait trois pays africains comme destinations. Ce principe est emblématique des relations de la Chine avec le reste du Sud global, fondées sur l'égalité et le respect mutuel.
Depuis le lancement du FCSA, la Chine a insisté pour que le forum soit organisé alternativement par la Chine et les pays africains. Au cours du dernier quart de siècle, le FCSA s'est tenu dans des pays africains tels que l'Ethiopie, l'Egypte, l'Afrique du Sud et le Sénégal. En revanche, les Sommets des dirigeants Etats-Unis-Afrique, qui n'ont donné lieu qu'à deux sessions ad hoc jusqu'à présent, n'ont eu lieu qu'aux Etats-Unis.
Le Sud global a été rejeté par certains universitaires américains comme un "terme chargé" ou un simple "fait géopolitique", mais la Chine ne voit pas les choses de la même manière. "Le Sud global n'est pas une étiquette inventée par les puissances du Nord pour rationaliser leurs jeux de pouvoir", déclare Liu Haifang, professeur agrégé et directeur du Centre d'études africaines de l'Université de Pékin. "Il s'agit d'une identité propre communément reconnue par les nations du Sud."
L'identification de la Chine au Sud global a été réaffirmée par les remarques de M. Xi selon lesquelles "la Chine et les pays africains sont destinés à être de bons amis, de bons frères et de bons partenaires, et la coopération sino-africaine constitue un bel exemple de coopération Sud-Sud."
Le sommet du FCSA qui se tient cette semaine a pour thème "Joindre les mains pour promouvoir la modernisation et construire une communauté d'avenir partagé Chine-Afrique de haut niveau". Il illustre l'approche de la Chine en matière d'engagement avec les partenaires du Sud global, fondée sur la sincérité et les résultats tangibles.
Lors des trois dernières réunions du FCSA, Beijing a lancé les "Dix Plans de coopération majeurs" en 2015, les "Huit Initiatives majeures" en 2018 et les "Neuf Projets" en 2021, qui ont dépassé le modèle initial consistant à promouvoir principalement le commerce et l'investissement et ont commencé à favoriser presque tous les segments du développement socio-économique de l'Afrique. Les efforts visant à moderniser le continent planifiés dans une succession de réunions du FCSA se résument aux initiatives de la Chine qui soutiennent le développement de l'Afrique sur trois fronts : l'industrialisation, la modernisation de l'agriculture et le développement des talents.
Afin d'aider l'Afrique à réduire sa dépendance à l'égard des importations de denrées alimentaires, plus de 300 technologies de pointe promues par la Chine ont permis, au cours de la dernière décennie, d'augmenter les rendements des cultures locales de 30% à 60% en moyenne, ce qui a profité à plus d'un million de petits exploitants agricoles. Entre-temps, la Chine s'est attachée à promouvoir le "Fabriqué en Afrique" en construisant de nombreux parcs industriels tout en enrichissant le vivier de talents du continent en formant environ 10.000 spécialistes par an grace à un vaste réseau d'écoles professionnelles.
Depuis le lancement du FCSA, les entreprises chinoises ont aidé l'Afrique à construire ou à moderniser plus de 10.000 km de voies ferrées, 100.000 km de routes, 1.000 ponts et près de 100 ports, jetant ainsi les bases d'une ère de modernisation rapide sur le continent.
"Nous nous sommes engagés volontairement dans une relation qui, selon nous, est gagnant-gagnant", a déclaré le président de la Sierra Leone, Julius Maada Bio, lors d'une récente interview, en faisant l'éloge de la coopération sino-africaine.
La coopération Sud-Sud est une grande priorité dans la coopération de la Chine avec les autres pays. Il s'agit d'un choix stratégique de la Chine, et non d'une mesure provisoire. La création et la continuité du FCSA témoignent de l'aspiration de la Chine à travailler avec d'autres pays en développement pour construire une "communauté d'avenir partagé du Sud global".