A travers la prochaine visite de haut niveau, le plus grand pays en développement et l'un des pays les plus développés du monde doivent renforcer davantage leurs liens dans tous les domaines, surtout l'économie. Ce sera une attente des milieux économiques des deux parties.
Le Premier ministre chinois, Li Keqiang, effectuera une visite en Suisse les 24 et 25 mai. Au cours de sa visite de deux jours, le Premier ministre chinois doit rencontrer le président de la Confédération Ueli Maurer, le vice-président et chef de la diplomatie helvétique Didier Burkhalter, et le conseiller fédéral chargé de l'Economie Johann Schneider-Ammann.
Selon le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Song Tao, la visite de M. Li en Suisse doit promouvoir les liens bilatéraux et représente un modèle de relations amicales développées en dépit de systèmes politiques différents.
Les deux pays signeront une série d'accords touchant l'économie, le commerce, les finances, l'éducation, la culture et le changement climatique, aux dires de M. Song.
LES RELATIONS ECONOMIQUES BILATERALES MIEUX APPROFONDIES
La Suisse est la troisième étape du voyage de Li Keqiang dans quatre pays d'Asie et d'Europe. Bien qu'elle ne soit pas un pays membre de l'Union européenne, elle reste un important partenaire économique et commercial de la Chine en Europe. La Suisse est aussi un des premiers pays européens à avoir reconnu le statut d'économie de marché de la Chine et lancé avec la Chine les négociations sur la zone de libre-échange, a souligné le vice-ministre chinois du Commerce Jiang Yaoping, tout en révélant que les pourparlers sur la zone de libre-échange entre les deux pays ont obtenu des progrès encourageants.
Selon des statistiques officielles, le volume des échanges commerciaux entre la Chine et la Suisse a enregistré un record en 2011 en franchissant le seuil des 30 milliards de dollars. Et même dans un contexte de crise de la dette en Europe, le volume du commerce bilatéral entre les deux pays a atteint 26,3 milliards de dollars en 2012.
La Chine a attaché une grande importance aux liens économiques et commerciaux avec la Suisse, a confié à Xinhua le Conseiller des affaires économiques et commerciales auprès de l'ambassade de Chine en Suisse, Cai Fangcai.
La Suisse, pays non-membre de l'Union européenne située au centre de l'Europe, dispose d'avantages géographique et compétitif tandis que la Chine élargit sa taille économique et exploite le potentiel du marché mondial, a indiqué M. Cai.
Il y a une dizaine de jours, les délégations helvétique et chinoise ont conclu les négociations au terme d'un neuvième round de discussions sur un accord de libre-échange.
Les deux économies sont bien complémentaires, alors que la Suisse est ravie d'attirer davantage d'investissements chinois afin de réduire les risques économiques, a indiqué à Xinhua Luzius Wasescha, conseiller spécial auprès du Département fédéral des Affaires étrangères de la Suisse.
M. Wasescha, ex-ambassadeur de Suisse auprès de l'Organisation mondiale du Commerce de 2007 à 2012, a révélé qu'un ALE avec la Suisse doit permettre à la Chine de percevoir la Suisse comme un laboratoire, afin de comprendre comment développer davantage ses relations avec d'autres pays européens.
L'expérience que nous pouvons partager avec la partie chinoise peut être utile dans son élaboration de stratégies avec d'autres pays européens, a affirmé M. Wasescha.
LES ATTENTES DES MILIEUX ECONOMIQUES DES DEUX PARTIES
Certaines entreprises suisses sont fortement encouragées par l'important progrès enregistré dans les négociations de l'ALE.
"Nestlé apporte son soutien aux relations helvético-chinoises plus étroites", a souligné Roland Decorvet, directeur de Nestlé Chine.
Nestlé, qui se place au premier rang mondial de l'alimentation, s'engage à utiliser des matières premières locales dans le marché chinois, tout en développant les capacités locales de fabrication et de recherche pour servir aux consommateurs chinois.
"En Chine, Nestlé dispose d'au total 33 usines, et davantage d'usines seront ouvertes dans les années à venir, surtout dans le centre et l'ouest de la Chine", d'après M. Decorvet.
"Une relation plus étroite sert aux intérêts des deux parties dans un environnement bien mondialisé", a-t-il ajouté.
Pour sa part, la Chine améliore sa fa?on de "faire des affaires à l'européenne" en Suisse.
Selon Zhang Yi, PDG d'Addax Petroleum, filliale du géant pétrolier chinois Sinopec Groupe, le développement des relations sino-suisses doit renforcer la confiance des entreprises chinoises en Suisse.
De plus, un ALE entre les deux pays permettra à Addax de mieux utiliser les ressources financières et humaines dans les deux pays et de mieux se développer en Suisse, a estimé M. Zhang.
A Genève, le nombre de touristes chinois qui se rendent en Suisse augmente rapidement. En 2012, ils étaient 575 000, soit une hausse de 30 % par rapport à 2011. Le 7 mai dernier, la compagnie chinoise Air China a inauguré des vols entre Beijing et Genève. Au total, quatre vols directs sont désormais proposés chaque semaine. C'est la seule compagnie aérienne qui propose des vols directs entre la capitale chinoise et Genève.
"Cette ligne est importante pour le développement de la diplomatie, de la politique, de l'économie et de la culture pour le canton de Genève", a affirmé Isabel Rochat, conseillère d'Etat genevoise et présidente du Conseil d'administration de Genève Aéroport.
La nouvelle ligne aidera à promouvoir davantage le développement du tourisme, de l'industrie du luxe, de l'hostellerie et des finances dans le canton de Genève, a-t-elle ajouté.
UNE RELATION MUTUELLEMENT AVANTAGEUSE
La ville de Genève, et la Suisse, ont été témoins des premiers pas de la diplomatie de la Nouvelle Chine sur la scène multilatérale. En 1954, Zhou Enlai, ex-Premier ministre chinois, et sa délégation, ont participé à la Conférence de Genève sur la question de l'Indochine.
La Chine apprécie le r?le positif de la Confédération helvétique et souhaite renforcer ses liens avec la Suisse pour contribuer conjointement à la paix, au développement et à la coopération à travers le monde.
En janvier 2010, Li Keqiang a participé à la réunion annuelle du Forum économique mondial qui a eu lieu à Davos, dans l'est de la Suisse, et il a appelé à des efforts internationaux pour promouvoir le redressement profond et le développement durable de l'économie mondiale suite à la crise financière.
La neutralité de la Suisse et sa qualité de quartier général de nombreuses organisations internationales la rendent célèbre dans le monde entier, et une telle Suisse sert de pont entre l'Europe et le reste du monde, a indiqué à Xinhua le président exécutif du Forum économique mondial, Klaus Schwab.
La Chine constitue un pillier de l'économie mondiale et est un acteur géopolitique majeur. Une intégration approfondie de la Chine au sein du système multilatéral et l'engagement de ses dirigeants dans les organisations internationales sont très importants, a souligné M. Schwab.
Il s'agit d'une relation mutuellement avantageuse. Sans la présence et la participation de la Chine, aucune organisation ne peut se déclarer internationale ou travailler efficacement. D'autre part, la Chine ne pourra pas faire face à des défis tels que le changement climatique, le commerce international et la sécurité internationale ou régionale à elle seule, a-t-il précisé.